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Il y a très longtemps dans une galaxie très lointaine à une époque où le Paris Saint Germain risquait encore la relégation en D2 (l’ancêtre de la Ligue 2), nous avions prévu de partir à Barcelone. En ces temps désormais révolus, la capitale de la catalogne n’était pas encore le lieu de villégiature idéale du beauf européen toute tribu confondue, c’était encore un peu exotique. Aujourd’hui devant les hordes de cons qui débarquent à Barcelone, les autochtones manifestent et s’organisent en comité. Barcelone est la seule ville du monde (avec la Corse mais c’est particulier la Corse) où l’habitant ne veut pas de touristes. Même son fric, il lui jette à la gueule.
Après un rendez vous avec M. chez lui, on s’est rendu à Gare Saint Lazare pour prendre le Talgo. Après une demi heure d’attente, on a compris que F. et J.M qui devaient nous rejoindre sur le quai avaient sans doute eu un problème au passage.
Une fois couché dans le Talgo, une opératrice vient nous emmerder dans un langage incompréhensible entre le persan et l’espagnole. Je viens de rencontrer le régionalisme pour la première fois. Mauvais élève d’espagnol au lycée, j’y ai appris le Castillan, et ici on parle catalan, et d’ailleurs on le revendique haut et fort.
Devant notre ahurissement et nos faces hébétées, l’opératrice accroche une de ses mèches de cheveux, et dit : “Blonde, blonde” en anglais. M. écrasé par un éclair de génie a compris. Il répond : “Yes, yes” très sûr de lui. Et là on voit débarquer F. qui balance nonchalamment : “Désolé les gars“. Il nous raconte une explication qui ne tient pas la route, et nous on laisse passer. Il faut savoir que F. était parti à Amsterdam avec nous deux mois avant, qu’il nous avait laissé à la sortie du train de l’aller et on l’avait retrouvé dans le train du retour l’air moins concerné que d’habitude (les habitudes locales surement). Mais pas de traces de J.M.
On arrive à Barcelone le lendemain après avoir dépensé 50 balles dans ce mini-bar très sympa dans lequel on pouvait toujours fumer à l’aune des année 00′. Aujourd’hui, prendre le Talgo relève du sport de haut niveau pour moi avec l’interdiction de fumer. On appelle J.M puis sa mère qui nous laisse entendre que J.M “s’est trompé de train“, et qu’il arrive. On l’attend deux heures à la gare.
Il arrive à moitié habillé en clochard pas très apprêté lui qui généralement est plutôt stylé, et surtout sans bagages. Et là il dit tout. Il était avec sa meuf hier, il est arrivé trop tard à la gare. Ensuite, le bougre a pris un train qui se sépare à la frontière, et ses bagages sont restés dans l’autre partie du train. Et il nous demande : “C’est pas grave les gars, vous me prêterez des trucs !“. A cette affirmation enthousiaste répondent les “purée“, “putain“, et autre “moi les gars je vous ai dis de faire gaffe aux horaires et tout en tout cas“.
Puis pour ajouter au bonheur de prendre notre petit déjeuner à Barcelone devant un serveur pas très content de nous accueillir et un chocolat chaud qui ressemble vraiment à “du chocolat fondu avec un dcl d’eau“, M. me demande si j’ai les billets du retour. Pendant dix minutes chacun cherche sa place, dans les dix minutes suivantes, chacun se rejette la faute, puis 20 minutes plus tard, je me rends à une cabine téléphonique (je t’ai dit qu’on était dans les 2000′) et j’appelle le service de la gare dédié à ce sujet. Bien sûr, entouré de germanophone, J.M sort : “Z appelle, t’as fait 5 ans d’espagnol“. Le résultat est prometteur : “Buenos Dias, losta les ticketes, euhh I lost my tickets. Yes the train ticket. I know that, the return Ticket. Yes I am sure. Ok ! Comin’.
Alors J.M et F. se rendent à Barcelone dans l’appartement qu’on a loué pendant que moi et M on empreinte une voix ferrée sous le soleil diabolique de Barcelone. On est toujours ami aujourd’hui, et on a appelé cette marche : “la route du martyre” bien avant d’ailleurs que Cersei se fasse cracher dessus dans Game Of Thrones. Après 20 minutes de marche, on arrive à un coin ouvrier dans la voix ferrée. Les mecs se marrent et nous rendent les billets. On marche 5 minutes au calme en rêvant de notre première soirée à Barcelone. Puis, les ouvriers de la voix ferrée nous envoie le chien aux trousses. La bête est pas monstrueuse, mais elle aboit dangereusement et se rapproche de plus en plus. Et nous on court de plus en plus vite. On arrive au bout, on rentre dans l’appartement.
J.M et F ont fait les courses. Ils ont acheté la base : des bouteilles d’alcool et des pâtes. Il y a même un filet de poulet incroyable. Avec M. on se pose dans la chambre et on parle de notre soirée. Comme toute adolescent adulte depuis deux jours, on rêver de soirée idyllique avec chacun trois femmes au bras, à embrasser l’alcool, dans un décor de rêve façon Scarface (va comprendre). Puis je me lance. On a ramené une VHS avec nous pour faire un court métrage. Je laisse entendre que si et bien si je rentre seul ce soir, je vais filmer mon pénis. Et l’image restera dans le montage final. Finalement le pari est aussi con que moi à cette époque. Les chiens font pas des chats.
Après une errance assez typique de l’adulescence dans les rues de Barcelone, on arrive à la Maremagnum après avoir traversé la Rambla. C’est un concentré de 4 clubs en une, le centre commercial de la fête réservé aux touristes et aux espagnoles qui veulent se taper des touristes. La musique est dégueulasse mais après une journée pareille on entre dans le premier club comme si on venait de passer l’âme et de rentrer au jardin d’Eden. Après trois minutes de danse, une jeune femme m’accoste. Ca n’arrive jamais en France. Je me sens plus péter. Puis arrogant, je m’en vais. Ben oui je me sens plus péter du coup.
Commence un long périple. D’abord timide, puis échaudé par l’alcool, je pars à l’abordage de toutes les nanas du club une par une. Après une dizaine de “bash“, je commence à me dire que j’y arriverais pas. Alors je sors, je me demande pourquoi j’ai été aussi con. Des années plus tard, quand François Hollande a lié son sort à un pari débile (inverser la courbe du chômage) il a du ressentir la même chose.
Puis je rentre, je danse, je m’en fous. Après deux heures, je sens qu’une main me caresse le dos mais pas trop délicatement. Je me retourne et je vois un big australien de 2 mètres qui me fait un sourire et un clin d’œil en même temps. Je lui fais comprendre que je mange pas de ce pain là et je me barre. M. me suit. Sur la route du retour, je rencontre une prostitué ghanéenne assez racoleuse qui me prend par le bras et me propose ses services. Elle veut se faire “un teen“. Je refuse. Elle nous accompagne jusqu’à Catalonya où on vit. Puis, elle s’en va. M. me sourit, et pour finir il sort : “Bah de toute façon Z, avec elle ben t’aurais perdu ton pari quand même. Ben ca compte pas“. Je le regarde dépité et je lui dis : “Oui t’as raison ça compte pas“.