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La Concréte est une sorte de bateau ivre qui traîne autour du Quai de la Rapée. Pendant des années, la péniche a accueilli les parisiens pour des soirées techno minimalistes. Comme tout lieu electro parisien, la Concrete a connu ses heures glorieuses et ses heures sombres où elle était livrée au petit gamin de 19 ans qui prend des “xseu” depuis 3 semaines, et qui se prend accessoirement pour le gars “le plus cool” de la capitale. La Concrete déménage. Alors l’organisation, et son physio génial, qui par ailleurs a la crane complètement tatoué, ont décidé d’organiser 48 heures de soirée non stop un peu comme avec les dernières heures du 824 de Oberkampf.
Problème, je suis en vacances depuis 3 semaines et indépendant comme je suis, je ne touche ni de congés payés, ni aucune allocation d’aucune sorte. Et la Concrète tombe au pire moment, c’est à dire seulement un jour avant que je reprenne le travail. En un mot, je suis en “HASS” total. Deuxième problème, mes potes de toujours sont plus “cinéma” que “soirée” en ce moment. Et mes potes les plus jeunes sont déjà partis profiter du soleil là où le bitume ne brûle pas. Troisième problème j’ai rencontré une femme géniale d’origine latine qui justement va squatter la Concrète tout le week end avant de repartir là où le Soleil ne ment pas.
J’échafaude un plan tout bonnement diabolique. J’emmène L. au Barbapapa qui est juste à quelques mètres de la Concrete. L me prête un peu d’argent. Le reste je le prends chez moi et on est bon ! Première étape donc : Le Barbapapa. Le lieu est idéal pour prendre un verre l’été. Le bar qui plane à côté de la Seine regroupe tout public, des cadres en afterwork, jusqu’à des vacanciers, ou des tefeurs plus aguerris. Bon brassage de population, et bel ouverture d’esprit. Après un verre, je propose à L de partir à La Concrète. Je n’ai pas vraiment besoin d’insister. Pris d’une motivation soudaine, L. se lève et on avance vers la Concrete.
On arrive devant le physio. C’est à ce moment là que L. décide de faire machine arrière à deux pas du videur qui nous regarde de bas en haut. Finalement je lui fais savoir que je lui paie la place, ce qui réduit mon budget au minimum légal pour une soirée, c’est à dire 20 e.
Une fois à l’intérieure, c’est réussi ! Contrairement aux derniers événements sur la péniche, cette der des der regroupe clairement tous ceux qui un jour ont mis leurs pieds sur la bateau, et qui viennent lui faire leurs adieux. Côté musical, pour le week end, on a retrouvé tous le gratin de la scène minimaliste. Une ambiance au Top, du son à la hauteur, tout est réuni pour passer une soirée énorme.
Mais le club n’est pas du goût de L. qui n’est définitivement pas d’humeur. Je prends un pichet de bière. Et je nous incruste dans un groupe de jeunes de 25 ans. J’essaie de profiler mon interlocuteur en vain. Il était ébéniste. Dur hein !! Ces potes sont sympas. Je retrouve dans cette génération une soif de liberté surprenante alors que dans nos “sociétés” même les civils se flicent entre eux par “Stalking”. Ca m’a fait marrer le jour où l’une de mes connaissances avait demandé à ses potes de surveiller sa meuf sur Instagram. Ils regardaient la story insta de l’ex, et lui faisaient des rapports détaillés. Le Stalking devrait être considéré comme du harcèlement. L. fait toujours la gueule.
Finalement, on prend un deuxième pichet. L. l’avale en 10 minutes sans sourciller. Il se lève et me dit qu’il se barre. Je suis à ce moment là au bout de ma vie. Il me reste 2 euros. Et je suis tout seul sur une péniche où tout le monde est bourré. A 25 ans je serais passé pour un mec “cool” qui profite du son… la soif en plus. A mon âge, je suis au mieux “un mec complètement en galère”, et au pire “un pervers un peu chelou”. Alors je pars.
Je regarde derrière moi, et je repense à la jeunesse que je laisse derrière moi. Je n’étais pas un aficionados de la Concrète mais j’y ai passé beaucoup de temps. J’y ai laissé beaucoup de souvenirs. En partant, j’envoie un message à cette “fille géniale” pour lui dire que je suis passé à La Concrète. Je me prends une volée géniale parce que je l’ai pas prévenu. Je désespère…
“JE NE COMPRENDS RIEN A TON COMPORTEMENT”.
Pour ma part, je me dis que finalement je n’ai pas fait mes adieux qu’à la Concrète ce soir là. J’allume une clope et je remonte les quais. Mon tour de Garde est terminé.