20.1 C
Munich

A l’Est du Nouveau – Focus sur le Rap Genevois

Must read

ZEZ
ZEZ
C.E.O HELL SINKY, author, journalist, documentary

C’est écrit depuis 1929, A l’Ouest rien de Nouveau… C’est donc, en suivant l’affirmation de Remarque, vers l’Est qu’il nous faut tourner notre regard. La capitale des Gaules via les 667, Lyonzon, etc, nous montre le chemin… Avec Butter Bullets qui ferait office de pont, poursuivons notre focus vers l’Est en remontant légèrement et dirigeons-nous vers la Suisse et sa zone frontalière pour découvrir un vrai phénomène : La scène Genevoise.

Depuis quelques années la presse relate régulièrement l’émergence de la scène genevoise et pari sur l’explosion de celle-ci pour l’année qui vient. Pourtant force est de constater que si des Slimka, Di-Meh, Makala, et quelques autres, on sût se faire connaître en dehors de leurs contrées, l’explosion, la révélation tant annoncée n’a pas eu lieu, contrairement au phénomène Belge que personne n’attendait vraiment. En fait, la scène genevoise existe-t-elle vraiment (ce qui en cas de réponse négative expliquerait la non-réalisation) ? Pour se faire une idée sur la question le mieux est de zoomer sur quelques artistes émergents et emblématiques de ce qu’est réellement cette scène, sur les terres des Marekage Streetz, Nuage Violet, Mille Francs Suisse, Chimical Droogies, Mourir Jeune Musique….


Genève est un peu à la Suisse ce que Hong-Kong est à la Chine, une ville vitrine, schizophrénique, internationale, coincée entre la France et la Suisse, où toutes les langues se côtoient, un royaume des affaires et de la discrétion, du capitalisme débridé sur fond de rigueur Calviniste… un truc hybride et quasi unique. Du coup on peut supposer qu’il existe un vrai son genevois fait de cette ouverture internationale et de cette rigueur calviniste (notamment dans des projets récents tels que Sounoise Boy ou L’axe du Mal). Naturellement les artistes locaux sont les portes paroles de cette pluralité de personnalités et de cultures mais avec un fond commun bien particulier.


Pour commencer rendons hommage au « vétéran » local, Bobby. Ancien affilié de l’écurie Marekage Streetz il a fondé son propre label Mille Francs Suisse pour développer de jeunes artistes suisses qui lui sont proches. RR (pour Rap Roman) tiré de la mixtape AA4 est sans doute la plus belle démonstration de cette dualité – – Une prod froide et rigoureuse (même si c’est un typeBeat), une ambiance nostalgique et brumeuse (comme un petit matin de novembre à Marin) et clairement teinté de Rap US. Le mood genevois commence à se dessiner, clairement ouvert et orienté US, mais pas que …

Il y a quelque temps Bobby et Jeune RAS, qui ont l’habitude de collaborer, ont joint leurs structures respectives pour fonder le label Nuage Violet, avec toujours pour objectif de promouvoir et développer le rap local. Jeune RAS rappe depuis plus de 10 ans, a voyagé un peu partout, et notamment aux US (où il a sorti quelques titres dont un avec Slim Thug), et étant instinctif et spontané dans ses Rec il a fait le choix de vivre dans son stud. Très proche de Lil Uzzi Vert dans son univers, la guedro est un élément très présent dans ses tracks .


Toujours dans un univers relativement main Stream il faut absolument découvrir et suivre VX3 (pour Vendredi 13), jeune rappeur au timbre de voix singulier, qui sculpte ses textes plus qu’il ne les écrits. Très doué pour rider dans des univers assez variés, très propre dans ses placements il a récemment participé au projet $uicide Invitations.

Si on ressert la focale on voit derrière cette scène plus « grand public » (représentée ici par Bobby et jeune RAS), un essaim de jeunes rappeurs, de projets plus expérimentaux, inventifs, qui, on le sent, cherchent nettement à s’affirmer dans un son et une forme qui leur soient propre.
Le trait d’union entre ces 2 univers est sans aucun doute Maeki Maii, qui même s’il a migré vers Montpellier depuis 2 ans nous offre avec son album Coup de Pieds à la Lune (chez Chimical Droogies) un bel exemple de ce melting pot. Tout au long du projet il déroule une série de tracks singulières et très qualitatives, tant dans l’écriture que dans les prods (Chinatown, Mononoké, Western Mystique, Double Pravda, … Lao-Tseu . Un album aux ambiances variées, marqué par une multitude de feats (Lk de l’Hotel Moscou, Jeune RAS, Zippy, Weedow, Miré Miré, Wiro, Irah, Ciflow, Vinnie Boy Johnson, LG’s) et dont le point d’orgue est sans aucun doute Double Panda (servit par un clip magnifique) On attend la suite avec impatience !

L’axe du Mal avec le projet Grands Rayons est sans conteste un des OVNI de cette scène bouillonnante. Un projet original, ultra inventif et à vrai dire certainement un des plus représentatif de cette recherche de son. On y retrouve Anklature, Zippy, Idal, Lou Rid, Mr le Ministre, Canichnikov et Mr Connard. Que de recherche dans ces 7 titres, au niveau des prods, des textes et des flows !!! Pas un titre à écarter ! Un disque hyper marquant qu’il faut absolument découvrir pour se faire une idée de la qualité et de l’appétit de nouveauté de cette génération montante !

Mr Connard, même s’il est basé à Vichy, est un des « agitateurs » de cette scène genevoise renaissante au travers notamment de l’excellent nouveau label Mourir Jeune Music. Infatigable beatmaker il est derrière plein de projets (tel que le Keudar de Moïse the Dude ou la langue de morts de Sauveur Eloheem), mais aussi récemment Groovy Keeni

Egalement remixeur, ralentisseur hors pair et rappeur lents à ses heures (on peut le voir rapper dans le clip de L’axe du Mal ou l’écouter seul, sur son Soundcloud). Partie prenante du rap game genevois, au travers du label notamment, il organise et participe à des concerts de rookies helvètes en local mais aussi en France (à Paris notamment).

Sournoise Boy avec Intérieur Nuit (nouvelle sortie du label Mourir jeune Music) synthétise à lui seul au travers de 7 titres au spleen baudelairien et aux relents chimiques, le visage de cette nouvelle scène genevoise qui, en toute simplicité et avec un grain de folie, sait créer ses propres repaires en faisant fi des codes habituels du genre.

L’amour Industriel, Campeador et autre Rider Solitaire ont tous les ingrédients pour devenir des incontournables.

Pour répondre à notre question initiale, il ressort de ce court focus que la « scène genevoise » est une réalité tangible. Foisonnante, bouillonnante, inventive, expérimentale. Sa particularité réside dans cet esprit décomplexé qui tout en intégrant les codes fixés par les Kinri n’hésite pas à en sortir pour créer son propre son, et ses propres références assises sur cette dualité géographique et sociologique,avec pour résultat de faire de la scène genevoise l’une des plus intéressante du moment. Savoir si les rookies genevois vont exploser ou non, la question reste posée (et ne fait pas forcément sens) mais une chose est sure maintenant : C’est à l’Est qu’il y a du nouveau et c’est là qu’il faut creuser…

AUTEUR : R$KP

- Advertisement -spot_img

More articles

2 Comments

  1. […] La confédération Helvétique n’a pas encore connue sa révolution urbaine. Très peu d’artistes francophones aujourd’hui sont originaires de Suisse. Contrairement à la France, où la musique urbaine est le genre le plus écouté, ou la Belgique qui a donné naissance à Hamza, Damso, et Frenetik pour ne citer qu’eux, la Suisse attend son grand messie. Car NTH est la nouvelle révélation Suisse ! […]

- Advertisement -spot_img

Latest article

You cannot copy content of this page