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LE COVID N’A RIEN PU FAIRE FACE AU NARVALO SHOW

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C.E.O HELL SINKY, author, journalist, documentary

SOUVENIRS DU NARVALO CITY SHOW

Au milieu de la foule compact et pleine d’énergie, tous collés les uns aux autres, nous avions l’habitude de bouger comme des « narvalos » habités par le show de rappeurs investis sur scène comme nulle part ailleurs. A chaque édition du festival, nous ressentions cette tension positive émanant d’une masse de passionnés, transpirant sous la chaleur d’été, leurs corps vibrant sur le rythme des beats. C’était la marque du Narvalo Show qui, depuis sa création en 2011, est passé de « petite » association d’amis regroupant des rappeurs (en majorité) montreuillois, à un festival « rap » unique par son authenticité mais aussi par la diversité de ses artistes ( mc, dj, graffeurs) venant des quatre coins de la France.

Ne l’oublions pas, le Narvalo City Show reste un festival de rap qui met en avant les indépendants. « On arrive à fédérer les gens comme personne et cette année c’était encore plus important pour nous car à cause du covid les artistes ont perdu toute visibilité, les concerts ont été annulé, les sorties repoussées. » rappelle Swift Guad, organisateur du festival.

UNE COVID EDITION 2020 COMPLETEMENT “NARVALESQUE”

« Un festival qui s’organise en trois semaines avec 123 rappeurs si tu le fais en réfléchissant tu le fais pas »

Cette année, le Narvalo Show édition covid 19, diffusé en ligne sur Youtube et Instagram s’est déroulé sans public comme à huis clos au sein du studio Buzzlab à Bagnolet. Au total, en ce weekend de fête de la musique, 123 artistes sont venus partager leur morceaux en live face au dispositif de caméras, téléphones, micros, orchestré par les techniciens du studio.

Un véritable marathon présenté par Swift Guad qui s’est improvisé animateur télé ce jour-là, « les conditions de restrictions m’ont poussé à organiser ce narvalo show là, une sorte de mix entre ce qu’on avait l’habitude de faire et une émission de télé ».

 Jamais loin du plateau et de son compère Swift, Original Tonio, passé au fil des années de spectateur à rappeur sur scène pour finalement se retrouver à l’origine de l’édition covid 19, s’est réjoui du résultat,

« Tout ça c’est parti d’une discussion dans le salon de Swift il y a à peine un mois, on a réfléchit à une diffusion en ligne au vu de la crise sanitaire puis ça s’est fait, c’était pas facile mais on l’a fait ».

Le live du show est désormais visible en intégralité sur la chaine youtube de Swift Guad.  

DU RAP AU SOCIAL, L’ IDENTITÉ « MONTREUILLOISE » DU  NARVALO SHOW

Finalement, ce n’est pas un hasard si le Narvalo Show, qui ne devait pas avoir lieu cette année, est tout simplement devenu le premier festival « hip hop » à se tenir en France malgré la crise sanitaire mais aussi le plus gros festival de rap indépendant au vu du nombre d’artistes présents.

Derrière la souche musical de l’évènement, le spectre social inhérent à la ville de Montreuil mêlé à la passion des participants révèle un véritable état d’esprit fait de partage, de solidarité et d’engagement. « On travaille tous dans le milieu social, à la mairie, dans les centres pour jeunes, on connait ça, on vient de Montreuil, il y a rien qui se fait si il n’y a pas de sens derrière » nous dit Swift Guad le temps de d’une courte pause entre deux lives.   

Quelques semaines avant l’évènement, cette « posture » solidaire s’était présentée à travers une cagnotte Leetchi lancée en ligne afin de récolter des dons pour la bonne la tenue « technique » du show mais aussi pour en reverser une partie à l’association MFC 1871.

« J’ai trouvé que ce que faisait titi banlieusard de l’association MFC 1871 qui achète des denrées alimentaires pour les Roms du Platz de Bondy était une belle initiative, certains des gamins du Platz sont venus hier au studio ils étaient super contents »

MAIS C’EST QUOI UN NARVALO ?

Le mot « navalo » erre dans les rues depuis des lustres et il reste difficile d’en trouver la réelle racine même si effectivement, dans l’argot commun, il désigne une personne « idiote » voir « fêlée » ou « absurde». Le terme serait issu du romani, une langue parlé par les communautés gitanes et tziganes.

Selon Salah Guemriche, auteur du Petit dico à l’usager des darons et des daronnes qui désespèrent de comprendre leurs enfants ( Seuil ), le terme serait né avec le Narvalo City Show de Montreuil et désignait à l’origine un évènement de « narvalo », autrement dit un festival de « dingue ». En 2018, le terme avait perdu de sa « street » substance pour se retrouver au milieu de petites « chamailleries » politiques sur twitter entre le maire de Montreuil Patrick Bessac et Christophe Castaner (Délégué général de La République en Marche).

Interrogé la veille du festival, Original Tonio nous rappelait ce qu’il voyait comme une force,

« À l’époque on disait par exemple qu’être Mafia K1 Fry c’était une manière de penser plus que du rap, eh bien le narvalo show c’est aussi un peu ça, c’est un état d’esprit, c’est des gens qui se bougent, qui font les choses et qui avancent ensemble ».

Rappeur à temps plein et désormais animateur de ce qui pourrait peut-être devenir un « narvalo tv show », Swift Guad mentionne lui un instinct animal, une manière de faire les choses en dépassant toute barrière mental.

« Un narvalo c’est quelqu’un qui fait les choses sans réfléchir, un festival qui s’organise en trois semaines avec 123 rappeurs si tu le fais en réfléchissant tu le fais pas » 

Ils l’ont fait. Et, nous nous souviendrons longtemps du regard curieux des gamins de Bondy, de la sueur coulante sur le crâne de Swift Guad, de l’expression concentrée d’Original Tonio mais surtout, du sourire de tous les rappeurs qui, après des mois d’enfermements de silence et de frustration, ont pu de nouveau partager leur art en resserrant fermement leur poigne autour du mic.

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