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Rap de ienclis

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C.E.O HELL SINKY, author, journalist, documentary

« ça c’est du rap de ienclis », une phrase qu’on entend souvent pour décrire un type de rap particulier. Cette expression généralement méprisante englobe deux groupes, les rappeurs qui font ce genre de rap et ceux qui l’écoutent par la même occasion.

Pour comprendre ce terme qu’est un « iencli » soit le verlan de client, un mot utilisé pour désigner les personnes achetant des stupéfiants. Que ce soit un type qui achète de la dope dans un hall (four) de cité ou en s’en procurant au contact d’un dealer.

“Je pourrais jouer les cités mais nan nan la flemme” vald

Dans cette catégorie fourre tout, on met souvent les MC’s qui manquent de « street crédibilité », une valeur selon laquelle un rappeur devrait avoir la légitimité ou non de rapper aux yeux de tous. Cette valeur a du sens car le rap est et restera une musique provenant de la rue, populaire avant tout.

Cependant, en 2019, de nombreux élèments ont évoluées dans le rap avec de tous les horizons, origines ethniques et sociales incluses. Ce phénomène boule de neige contribue à la démocratisation du rap en général à savoir que blanc ou noir, pauvre ou riche, tout le monde à la possibilité de faire du rap aujourd’hui.

Même en étant un fervent défenseur de ces prochains artistes, on peut les assimiler à du rap de « ienclis ». Ils ne se revendiquent pas « ghetto » sans parler de deal car il ne fait tout simplement pas partis de leurs vies. L’idée c’est de faire de la musique sans pour autant se mettre dans la position éternel du dealer.

“Les rappeurs c’est pas des grossistes ils vont chopper comme tout le monde” Nekfeu, Les étoiles vagabondes

Dans ce style, on trouve le duo explosif Caballero & Jean Jass, deux MC’s belges qui ne se prennent pas la tête. Ils assument leur côté ironique sans se prendre au sérieux et en avouant leur consommation de weed sans complexe.

Toujours en Belgique, le MC Roméo Elvis à la dégaine nonchalente et ne joue pas au gangster dans ces morceaux. A l’image du titre « Diable », Roméo nous fait part de ses états d’âme sans être dans une posture de caillera qui ne lui ressemble pas.

Du côté de l’hexagone, le blondinet machiavélique Vald reçoit également cette étiquette. Comme les précédents, il ne se met jamais en position de dealer dans sa musique. Une originalité parmi les rappeurs français avec un personnage beaucoup plus sombre et décalé.

Son morceau le plus virulent à ce sujet est « Megadose » où il décrit les maux du capitalisme et de notre société de surconsommation. Une punchline où il illustre totalement ce concept « avant d’être millionnaire à esclave ou iencli je suis apparenté ».

Une attitude où Vald ne joue pas un personnage loin de son univers. Un trait de caractère qui force le respect notamment de Sofiane, un rappeur catalogué « caillera ». Les deux se retrouvent en featuring sur le morceau Iencli justement. Dès le premier couplet, VALD martèle « Je pourrais jouer les cités mais nan nan la flemme ».

Pour conclure, le rap de ienclis c’est tout le rap qui n’est pas étiqueté « cité » ou « ghetto ». Rassurez-vous ça reste quand même du rap (ne vous inquiétez pas Lomepal, Bigflo & Oli ou Lorenzo aussi). Mais en 2019, on est ravis de voir que tous types de rap peut émerger et ça c’est un progrès. Même si comme dans chaque genre musical, le rap a ses propres codes, la force de cette musique vient de la différence, qu’il faut apprendre à cultiver et accepter.

Baptiste le Guay

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