4.5 C
Munich

Interview : Goretex de Non Phixion

Must read

Goretex, également connu sous les pseudonymes de Gore Elohim et Lord Goat, est l’un des MC’s du groupe mythique Non Phixion (aux côtés de ILL Bill, Dj Eclipse et Sabac Red). Il exerce également une carrière solo. Il se caractérise par un style macabre, tragique, sulfureux; éminemment nihiliste… Nous lui avons posé quelques questions…

1) Comment était-ce de grandir à Glenwood Projects ?

C’est difficile à dire. Mais c’est un peu comme grandir dans une prison gouvernée par le crime. Très futuriste… Tu apprends à survivre et à prendre des décisions très tôt, je suis reconnaissant pour ça mais ça a aussi pu être assez horrifiant haha Malheureusement comme tu vois cette facette de l’humanité très jeune peut t’affecter à vie. Je suis sûr que cela a affecté ma façon d’écrire, en tous cas… Dans le Hip Hop les gens ont tendance à glorifier la pauvreté, mais quand on la côtoie de près, cela n’a rien d’amusant du tout.
Mais les gens en font le meilleur, ils ont différents moyens de faire avec leur passé et leurs blessures. Quand tu vis dans une cité tu as différents liens avec des gens aussi pauvres que toi, des gens pauvres et généralement dépressifs, même si ils en parlent rarement… Avant de déménager à Brooklyn, je vivais à Long Beach, Long Island. Mon cousin était DJ, il avait cinq ou six ans de plus que moi et tous les disques de Hip Hop old school, bien avant que cela ça soit connu … Il avait des enceintes immenses et animait des soirées… Je regardais sa maison et c’était le truc le plus gangsta que j’ai jamais vu. Une partie de moi avait envie d’imiter ça.. Il m’a fait écouter tous les trucs à l’ancienne comme Sugarhill Gang et tout. Il m’a appris les bases, alors quand j’ai déménagé à Glenwood je savais déjà ce qui se passait. Cependant quand j’ai emménagé dans la cité, J’ai entendu les Big Daddy Kane et les Rakim extrêmement tôt, ces gars n’avaient pas encore percés. Être jeune et sur le coup au moment où ces disques sortent c’est un sentiment difficile à décrire…

2) Comment vous vous êtes senti (le groupe), quand Non Phixion a percé ?

C’est subjectif, mais on s’est jamais vraiment dit qu’on perçait. On s’est dit quand même qu’on avait un pic de popularité. Je veux dire, dans certaines villes ont faisait rentrer 1500 personnes à nos concerts. Pas dans toutes les villes évidemment, mais partout de la côte ouest à Seattle en passant par Boston, Tout commençait à marcher. On avait du succès et pas grâce à internet. C’était différent et moins facile que pour les artistes d’aujourd’hui. On était juste au moment où les gens commençaient à ne plus acheter de disques et on en vendait quand même. Dans ce sens nous étions des « platinum artists ». On a pas eu beaucoup de soutien de la radio, on a jamais eu de management on a tout fait seul pour le meilleur et pour le pire. Beaucoup de gens s’en sortent bien avec les managers. Nous on a jamais eu de de chance avec…Très tôt, comme dans n’importe quel jeune groupe de l’industrie du disque, on essayait de profiter de nous. On croit que les gens avec qui on travaille sont au dessus de ça au début, mais ce n’est malheureusement pas le cas. C’est une longue histoire mais on a eu beaucoup d’opportunités gâchées par la négligence nihiliste de certains de nos collaborateurs…Le côté cool c’est qu’on a traversé le monde plus de cinq fois et touché les gens au point de se dire que c’était vrai. Bien sûr c’est sympa quand ta musique touche les gens de ton pays, mais quand c’est plus de 30 pays différents, c’est vraiment impressionnant et c’est ce qu’on visait… On a eu un truc avec le label Warner Bros. Ils voulaient nous signer. On a été cool avec certains des directeurs artistiques et les mecs arrêtaient pas de jouer notre musique à un autre groupe qui s’appellait « Linkin Park » On se disait que c’était chouette qu’ils aient l’opportunité d’écouter notre musique avant qu’elle sorte officiellement. Le label nous dit qu’ils veulent bosser avec nous. On était chauds à l’époque. Leur album sort, et je sais plus si c’est la quatrième ou la cinquième chanson dessus, mais ils nous ont volé un refrain. Je veux dire, si tu aimes notre musique au moins emmène nous en tournée ou je sais pas quoi… Même pas… C’est le refrain dans lequel on dit « I’m paranoid », « The CIA », etc. Ils l’ont utilisé pour un de leurs sons. J’aime pas trop ce qu’ils font mais ils ont quand même vendu 13 millions de copies de cet album, donc ils nous doivent au moins 100 000 $ pour ce petit bout de phrase haha mais on va pas compter

3) Est ce qu’il y a un moment ou un morceau dans ta carrière dont tu es le plus fier ?

Il y a des hauts et des bas dans chaque situation, c’est difficile à dire mais la première fois que j’ai été en tournée en Europe c’était vraiment spécial, il y avait quelque chose de différent dans l’air et peu de gens qui faisaient ce que nous faisions, et surtout qui avaient nos dégaines. On a influencé beaucoup de jeunes, et c’est cool. Mais ouais je pense que ma plus grand fierté c’est d’avoir pu signer avec Geffen Records, parce que c’était avant que l’industrie n’en soit à un point apocalyptique… On a été signé et la semaine d’après j’essayais d’avoir des CD’s gratuits du label, ce qui n’était pas un problème vu qu’on était signés dessus… Ha ha j’étais vraiment un nerd quand j’y pense, trainer avec Courtney Love aussi… Pleins de trucs, en fait…

4) Pourquoi ton travail est-il toujours tragique et sulfureux ?

C’est une bonne question. C’est pas le genre de truc que je sur-analyse… Je dirais pas que c’est constamment tragique, mais rien n’est positif dans ce que j’écris, ça je pourrais l’admettre. C’est le fait de grandir là où j’ai grandi, parfois ça te construit, et parfois ça te détruit totalement la tête. J’ai pas eu de chance dans ma vie mais j’en pleure pas; les gens qui me connaissent savent de quoi je parle. Tu apprends juste qu’on joue pas tous dans la même cour…

5) Tu es un rappeur et lyriciste très talentueux, mais malheureusement également très sous-estimé. Qu’en penses-tu ?

Ya différentes phases, parfois j’en ai rien à foutre, parfois ça m’énerve. J’essaye d’apporter quelque chose de différent, quelque chose qui n’a jamais été fait. Et quand un artiste est réel et fait cela il en paye généralement le prix. On m’a souvent dit de ralentir sur les trucs « dark ». « Si j’étais plus commercial ça changerait ma vie »…J’ai entendu ça plus de fois que je peux le compter, mais si je faisais ça, je serais pas honnête envers moi-même. Tout ne doit pas être « dark », mais je n’ai pas à changer qui je suis juste pour avoir une plus grande audience., et là c’est un peu tard ahah j’aurais du vendre mon c*l il y a dix ans pour que ça marche ahah Franchement je m’en fous un peu d’être sous-estimé, Je veux pas être sur la list de n’importe qui. Les plus grand rappeurs sont généralement les plus sous-estimés. Je veux pas dire que je le suis où que j’en suis proche, mais voilà… Ya pleins de MC’s meilleurs que moi et ça me pose aucun problème, mais ils peuvent pas faire ce que je fais et « peindre les tableaux » que je peins. Ya aussi pas mal de mecs qui me volent mon argot mais ça c’est un autre histoire. J’ai pas besoin des roses de tout le monde. Je sais ce que j’ai fait pour contribuer à l’évolution de cet art dans mon petit coin de galaxie. Si les gens apprécient tant mieux, sinon je comprends aussi que ma musique n’est pas faite pour tout le monde… ; C’est fait pour les initiés. Je suis peut être le seul rappeur qui s’en fout de l’attention qu’il génère, appréciez juste la musique…

Propos recueillis et traduits de l’anglais par Bobby la Seiche.

- Advertisement -spot_img

More articles

- Advertisement -spot_img

Latest article

You cannot copy content of this page